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Gigi Dans La Nuit + Aymeric Hainaux + Gardeurs + Winter Family

GIGI DANS LA NUIT au Château Tigre 

Gigi : machines, contrôleur, ordi

tekno kéblo entre Berlin et Leipzig 1992

Mitaines effilochées (c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup), chemise léopard, Gigi c’est un truc à l’ancienne totalement dingue ; un cœur et un esprit construits en grande partie par des heures et des jours et des semaines tout là-bas dans le nord de l’Allemagne, c’était Mitterrand chez nous, c’était Helmut Kohl chez eux, dans des bunkers hyper froids au milieu de gros teufeurs en blouson de ski et des coupes de footeux. Y avait pas les smartphones, c’était la mission, l’appel à un truc qui pouvait faire penser au bonheur, la grande époque d’Allo Stop à 1 centime de franc le kilomètre. Gigi Dans La Nuit. Techno kéblo entre 1991 et 1992, sa musique transforme les lieux où elle se pose en éternité. Chacune de ses apparitions est historique dans les archives des grosses montées soniques, des gros drops de zinzin qui n’en finissent jamais et quand ça éclate c’est la folie, c’est la victoire de la joie. Gigi c’est une lumière hybride chromée d’EBM à l’ancienne et d’arpèges de synthé épiques, des sons bien distincts qui reviennent tout au long de son set, grosse transe à deux doigts du truc craignos mais ça ne bascule jamais dans le pathos, ça reste viscéral élégant, ça déploie de longues progressions enduites de sable. Gigi c’est le poids lourd des poids plume, c’est l’étincelle entre l’enclume et le marteau qui s’y fracasse.

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AYMERIC HAINAUX

(aucune photo ne peut rendre la beauté de ce décor)

Aymeric Hainaux : micro / bouche / corps

Né au siècle dernier, Aymeric Hainaux appartient à une espèce de beatboxeurs en voie de disparition : virtuose débarrassé de tout, brut, pas de matos, pas de pédale de boucle, pas de blase en ricain, pas d’insta, pas de selfie, follower de personne, juste un corps et une bouche au service de la puissance et de la beauté. Depuis 2006 il construit avec sa pratique de la percussion vocale une musique personnelle, expressionniste : rythmiques et sons ultra précis (telle la fameuse boîte à rythmes japonaise Roland TR 909), déluges industriels, silences à couper le souffle et gestes attentifs à ce qui se passe.

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GARDEURS

(power trio, rap indus, 3 voix)

Kate Fletcher : voix, machines, shruti

 

 

 

Aymeric Hainaux : voix, beatbox, k7, mélodica, harmonica

Khaled Bouhrizi a.k.a tounsi : voix 

Gardeurs est né de la rencontre de Kate Fletcher, Aymeric Hainaux et Khaled Bouhrizi. Musique totalement libre aux paysages sonores lourds où peu d’éléments sont nécessaires. Un son rap industriel qui désire la danse, des rythmiques toujours plus grinçantes, du français, du tunisien, de l’anglais, de l’italien, expérience esthétique tournée vers la joie, et tapissée par un mur de son. Kate Fletcher (AKA Orlando), diva/beatmaker à la voix de soul blanche, pas seulement pour la peau mais aussi pour l’urgence d’un lyrisme presque nauséeux et attaquant, chante, manipule des machines et joue du shruti. Elle a passé ses jeunes années UK à écouter Prodigy sur les parking des Mcdo. Depuis elle présente son art dans des théâtres et les plus belles caves d’Europe. Avec Gardeurs, elle aiguise son écriture et ses rythmiques avec quelque chose de montagnard. Khaled Bouhrizi (AKA Tounsi), rappeur de l’underground tunisien et 20 années d’écriture au scalpel, pose un flow à sec, rythmé ; condensé de récits épiques et de poing serré. Aymeric Hainaux (moitié de Cantenac Dagar, moitié de Mirlitons), avec lui tout se passe dans le corps, par le corps et pour le corps. MC omniprésent avec son bricolage personnel ; une bouche, un lecteur k7 tout pourrave, un micro, un mélodica et ses cloches (partie intégrante de son identité). Par des cris, des craquements, des voix lointaines italo-franco-dub, il scelle le trio. Gardeurs est une formule magique : trois voix toujours verticales, qui se font des politesses et qui s’envoient chier.

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WINTER FAMILY

(groove punk beauté)

Ruth Rosenthal : batterie, boîte à rythme , voix 

Xavier Klaine : orgues, Philicorda, piano, harmonium

Duo formé par Ruth Rosenthal et Xavier Klaine, Winter Family est un miracle qui a eu lieu ; Onde sensuelle en mode « vague obsédante » apparue dans les années 2006. Sorte d’avancée dans le passé avec un détour par le futur, leur dispositif fait penser aux instrumentariums des vieux groupes de rock prog roumains, tchèques ou biélorusses, amplis avec la toile qui se décolle, des cymbales, un orgue posé sur une caisse, des fils partout… Au temps où nos ancêtres avaient encore cette tradition rock primitive de tourner en camion. Ici c’est une sorte d’art brut pur et dur ; groove ultra sensuel et rap scandé sur fond de punk aux bords de l’harmonie. Une grosse tranche langoureuse de beauté exhalant une saveur inimitable de laisser-aller maîtrisé (je sais c’est antinomique mais ça colle). Bref décrire leur musique ne sert strictement à rien. Le groupe tient tout entier sur son style, sa formation étrange et sa souplesse de serpent.

Tarif : 12€ sur place

Date

27 / 09 / 25

Heure

20h30 - 23h55